Ami touriste, la vue de ces montagnes magnifiques couvertes de l'azur des champs fleuris ce vent léger et pur, au parfum subtil qui court sur les lavandes et qui remplit tes poumons en te vivifiant, cela t'appartient !
Cela fait partie de ton patrimoine, comme ces sentiers, ces chemins ces routes de montagne bien entretenues, ces villages accueillants où tu peux de reposer.

Le lavandiculteur, est le support de la vie dans nos régions, c'est aussi un paysagiste hors du commun. Si lui ou ses enfants devaient être déracinés pour grossir les rangs des demandeurs d'emploi, que viendrais-tu chercher dans des champs envahis de ronces et buissons, sur des sentiers et chemins éboulés, dans des villages morts, où personne ne pourrait plus t'accueillir?

Touriste ou citadin, mon ami, si tu veux retrouver pour toi ou tes enfants, ces merveilleux paysages, l'été dans le Midi où la terre prend les couleurs du ciel, où les fleurs distillées embaument l'air et remplissent goutte à goutte les flacons (elle est toujours jaune clair l'essence de lavande, lumineuse comme le soleil de Provence !), viens chez nous elles coulent au goulot de nos alambics.

Dans son histoire de la lavande française écrite en 1925, M. René Marcel GATTEFOSSE écrit :

"L'essence de Lavande est une essence bien française, sa culture intéresse toute une région pauvre et montagneuse pour qui elle est une ressource nécessaire : il y a donc, sans cet aspect spécial de la question, un intérêt général à rendre à cette plante la réputation millénaire qu'elle a eue jadis à une plus haute puissance qu'à l'heure actuelle".

Ce commentaire est toujours vrai 75 ans après et cette région pauvre et montagneuse qu'est la Haute Provence a toujours besoin d'une ressource pour subsister.

Raoul ARNAUD a raison de dire :

"C'est dans ce cadre sauvage, austère et noble que la Lavande est chez elle. On dirait presque, tant qu'elle n'est pas en fleur que la Lavande fait du mimétisme."

Et Marcel PROVENCE d'ajouter :

"L'hiver tu fais la boule, hérisson végétal des montagnes et début de juillet nos garrigues qui n'ont de comparable que les antiques montagnes de la Grèce, donnent naissance à une multitude de hampes parfumées d'un bleu intense, paraissant obéir à une baguette magique".

"Nous avons tenu la charrue avec honneur et conquis le terroir avec cet outil."

Ce n'est qu'à partir du début du 20ème siècle que l'on commence à connaître l'importance de cette production. Raoul ARNAUD estime la production moyenne de Lavande fine à ce moment-là à environ 120 tonnes, elle sera de 60 tonnes en 1923, après avoir joué un rôle important pendant la guerre 14-18 pour guérir les blessés.

* Source : "Lavandes Lavandins Parfum d'histoire" par Robert Veyan